Football – Analyse : Les tournois vacanciers, un atout économique pour nos footballeurs professionnels, oubliés par les dirigeants du football haïtien

Depuis quelques années, les championnats nationaux (D1, D2 et D3) connaissent un déclin. Les tournois perdent la beauté alléchant de nombreux fans. Pourtant les championnats de vacances se multiplient sur le territoire et enrichissent leur public de plus en plus. Certains sportifs haïtiens abandonnent même leurs clubs pour disputer les tournois vacanciers. Qu’est-ce qui explique cette décadence qui sevit dans le football local ? Plusieurs footballeurs professionnels tentent d’expliquer.

D’abord les sportifs que nous ayons l’opportunité d’interviewé mettent le cap sur l’aspect économique des championnats de vacances qui dépassent la ligue nationale, avant de pointer du droit les structures, l’ambiance ainsi que l’amour du public pour ces genres de tournois, organisés surtout dans la saison estivale.

« Mwen menm m pa kache diw mwen pi Renmen jwe chanpyona vakans « , déclare Renald Lacoste qui évolue au poste de milieu offensif, sous les couleurs de l’AS Delmas. « Depi avan m al jwe, lè se chanpyona vakans kòb mwen gentan vin jwenn mwen « , ajoute le dossard 8 de cette formation de la D2 haïtienne. De plus  » l’ambiance est de loin meilleure que la ligue nationale. « Fanatik yo ba w plis lanmou. Nenpòt jwè w mande y ap di w klè chanpyona vakans lan pi bèl pou yo », a fait savoir le milieu de terrain.

Le constat n’est pas différent pour Simil Fresnel, défenseur central du Don Bosco de Petion-Ville. « Se pa pou san rezon ou wè tout Nèg se chanpyona vakans y ap veye. Depi vakans rive si m razè 500 dola se mwen k vle « , confie le jeune défenseur à notre rédaction. Par ailleurs « gen plis plezi lè w ap jwe jan de chanpyona sa yo. Ou santi yon lòt vi ».

Toutefois, les tournois vacanciers ne peuvent devancer la ligue nationale pour Vérilus Sévère, défenseur du Baltimore de Saint-Marc. « nou dakò chanpyona vakans lan ba jwè yo kòb. Men son bon sezon nan chanpyona nasyonal la pou w jwe pou w fè seleksyon. Menm pou dirijan chanpyona vakans yo envite w vin jwe nan ekip bò lakay yo, se yon bèl sezon pou w fè nan klèb », déclare l’arrière centrale de l’équipe Saint-Marc, qui fait de la D1 sa priorité.

Il accepte toutefois, qu’il y ait des tournois durant les périodes vacancières qui sont beaucoup plus sophistiqués en thèmes d’organisation, structure et de beauté etc.  » Chanpyona vakans lan Moun yo bal plis valè. Tankou mondyalito nan Gonaïves, Mondyal Pam Saint-Marc, sa yo konn fè Parc Sainte-Herèse la, gen yon lòt nan zile Lagonav tou ».

D’autre part les zones qui n’ont pas des équipes en première division, s’adonnent beaucoup plus à ses gens d’activité. Ils accueillent des jeunes talents de leurs quartiers comme des véritables stars du football.

Les joueurs croient qu’en raison du manque d’encadrement de la part des dirigeants des clubs nationaux, qu’ils sont obligés de se défouler durant les vacances. « Si yo te ankadre nou, ban nou frè pou peryòd sa yo, se lakay nou, nan plaj nou t ap ye ak fanmi nou. Nou t ap jis al gad ti jenn kap vini. Nou pa ta pral anpeche yo jwe nan chanpyona vakans  » , conclut le défenseur du Baltimore, Vérilus Sévère à notre micro dans cette entrevue visant à comprendre la décadence du championnat national au profit des tournois vacanciers.

Aucune structure n’est mise en place pour bonifier la vie de nos athlètes, les autorités ignorent leur précarité. Le pays fait face à une crise multidimensionnelle depuis des années, les points politiques sont au devant la scène, alors que le sport qui devrait être l’un des atouts économiques du pays est mis à l’écart. Au jour le jour, on constate l’effondrement du secteur sportif, particulièrement le football sous les yeux des autorités, rien est pourtant mis à l’étude pour sauver cette discipline reine dans le secteur sportif en Haïti.

Carl Henry Florant