L’ancien président de la Fédération haïtienne de football (FHF), le Docteur Yves Jean-Bart a été banni à vie de toute activité liée au football dans l’année 2020. Au début de l’année 2023, faute de preuves insuffisantes, le Tribunal arbitral du sport (TAS) lève les sanctions. Et depuis, des voix divergentes s’élèvent dans le milieu sportif haïtien. Certains clament que les championnats nationaux ne seront pas suspendus depuis tout ce temps, si Mr. Jean-Bart était encore en fonction. Cette opinion ne fait pas cependant, l’unanimité. D’autres passionnés du foot local, croient que Dadou ne pourrait faire mieux vue le contexte actuel.
Au micro de Yedasports, la Vice-présidente du Don Bosco Football Club, Marie Élise Obas a allumé son projecteur sur la situation du football en Haïti avant d’essayer de mettre au claire ces points de vues qui divisent les amoureux de ce sport en Haïti.
Le football local gît sous les civières du “ Vye Grann ”, qui lui s’appuie sur son bâton de vieillesse. Depuis environ trois ans, les championnats nationaux ont été suspendus ; tantôt pour des raisons sanitaires, tantôt pour des raisons d’ordre politique et d’insécurité. Les prédictions de la comission qui dirige la Fédération haïtienne de football l’année dernière, sont toutes échouées. Entre temps, les footballeurs qui évoluent en Haïti partent pour perdre trois ans dans leurs carrières footballistiques.
« La situation est alarmante aujourd’hui. On est entrain de perdre une génération », désole Marie Élise Obas, l’une des dirigeantes du club Don Bosco qui donne une lecture de la conjoncture dont ce trouve le football en Haïti. « En réalité, un joueur qui avait 25 ans en 2020, cette année 2023, il aura 28 ans », comptabilise-t-elle avant d’ajouter « donc, il part vers l’âge où le football ne sera plus sa priorité ».
Une autre façade de cette crise que connaît le football, c’est l’économie des sportifs locaux (joueurs et arbitres), qui est affaiblie. « Nous savons tous que nos joueurs de football vivent majoritairement de la rente du football. Imaginez les joueurs qui sont des parents. Ils ont une famille à occuper. D’autres ont leur parents, leurs petits frères et petites sœurs dont ils doivent venir en aide », se plaint Mme Marie Élise Obas, diplômé en Football business à Genève à Football Business Academy (FBA).
En effet, ce n’est pas seulement les joueurs et les arbitres qui souffrent de l’arrêt des ligues haïtiennes si l’on croit la Vice-présidente du club Pétion-villois. « Il y a également les journalistes sportifs, les dirigeants des clubs, les fanatiques » explique l’étudiante en Business Administration aux États-Unis au Broward College.
Y a-t-il un parallèle entre l’ère de Dadou et l’époque qui la succède?
Tout d’abord, « une comparaison entre le comité exécutif et le comité de normalisation ne sera pas objectif. Le premier comité est élu par l’ensemble des clubs pour diriger la fédération et le second est nommé par la FIFA afin de liquider les affaires courantes de la fédération et de préparer les élections pour un prochain comité exécutif ». De ce fait, « le comité exécutif avec le président Yves Jean-Bart avait le plein pouvoir de faire avancer le sport numéro haïtien, en revanche la commission de normalisation est limité à ce que la FIFA lui dicte ».
En effet, « posons-nous certaines questions et essayons de répondre ». « Est-ce que le climat d’insécurité était à ce point sur l’ère de Dadou ? Aujourd’hui toutes les zones sont bouclées par des bandits armés. Pour la première fois que je vois cette situation en Haïti depuis mon existence », regrette Mme Marie Élise Obas. « Le président Yves Jean-Bart pourrait-il négocier avec tous les gangs pour demander un laisser-passer pour les bus des clubs ? Je me rappelle les bandits ont kidnappé un bus de missionnaires américains. Imaginons nous que les enfants étaient encore au Ranch de la Croix-des-Bouquets. Y aura-t-il un plan de contingent pour les sécuriser en cas d’assaut des malfrats ? Je doute fortement que Dadou pourrait négocier ou avoir un contrôle sur ses bandes car même les autorités étatiques semblent perdre le contrôle de la situation. Combien d’employés d’État qui ont été enlevés », se questionne-t-elle en argumentant.
En ce qui concerne les visas non livrés à nos sélections nationales, le problème ne serait pas du côté de la Fédération haïtienne de football si l’on croit Mme Marie Élise Obas. « D’abord je dois souligner pour les fans du foot que, le visas c’est une courtoisie qu’un gouvernement peut livrer à qui, il veut ». Aujourd’hui, la situation du pays pousse les haïtiens à fuire leur pays sans bien connaître leur destination et par n’importe quel moyen. D’après ces informations, 90% des personnes qui ont reçu un visas pour pouvoir aller disputer un tournois ne revient plus dans le pays. Avec la situation dégradante du pays, les haïtiens ont outre tendance à rester dans n’importe quel pays au lieu de retourner en Haïti. « Je ne crois pas le problème vient du nouveau comité. Car depuis le départ de Yves Jean-Bart, il n’y a pas vraiment de nouvelles têtes dans l’administration. C’est presque les mêmes personnes », a déclaré la Vice-présidente du Don Bosco Football Club Marie Élise Obas.
Pendant ce temps, le Dr Yves Jean-Bart annonce son retour à la présidence de la FHF lors d’une conférence virtuelle organisée le 1er mars 2023. L’ex président a déclaré qu’il a informé la Fifa de ce retour depuis le vendredi 24 février via ses avocats. Cependant, l’instigateur du dossier d’abus sexuel sur mineure de Dadou, le journaliste français Romain Molina à travers un tweet conseille à Yves Jean-Bart de préparer sa nouvelle défense en raison de « ce qui va lui tomber dessus ».
Faut-il souligner aussi que la Fédération internationale de football association (FIFA) à travers une correspondance adressée au président du comité de normalisation Mr Luis Hernandez, a décidé de conserver le comité de normalisation à la tête de la Fédération haïtienne de football (FHF), malgré la décision du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) en faveur l’ancien président de la FHF Mr Yves Jean-Bart.