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lundi, avril 21, 2025
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Monique André : des promesses en l’air pour le football haïtien ?

Monique André, présidente de la Fédération Haïtienne de Football (FHF), se présente comme une réformatrice déterminée à redorer le blason du football haïtien. Lors d’une entrevue exclusive avec Le Nouvelliste , elle a exposé ses ambitions : renforcement des structures de gouvernance, protection des jeunes joueurs, mise en place de mécanismes de gestion des plaintes alignés sur les normes internationales, et un plan stratégique pour le football féminin. Sur le papier, ces initiatives semblent répondre aux maux chroniques du football en Haïti. Mais derrière ces annonces ambitieuses, une question persiste : ces mesures sont-elles réellement novatrices ou ne constituent-elles qu’un écran de fumée masquant l’immobilisme et les lacunes de sa gestion ?

Gouvernance : des réformes trop tardives ?

Monique André met en avant la révision des statuts de la FHF, censée garantir une gouvernance plus transparente et efficace. Cependant, cette réforme a pris un temps considérable, et les clubs, acteurs essentiels du football haïtien, n’ont été consultés qu’à un stade avancé du processus. Cette approche descendante, où les décisions semblent prises dans l’opacité avant d’être soumises à une validation de façade, perpétue une culture de centralisation et de manque de transparence. Une réforme véritablement inclusive aurait impliqué les clubs dès le départ afin d’assurer une adhésion collective et d’éviter les résistances futures.

Protection des jeunes joueurs : des mesures suffisantes ?

La nomination d’un officier de sauvegarde et l’adoption d’un code de bonne conduite sont des avancées notables. Cependant, leur efficacité reste à prouver. Combien de jeunes joueurs ont été victimes de maltraitance, d’exploitation ou de négligence sous le mandat de Monique André ? Et combien de ces cas ont été traités avec la rigueur et la célérité promises ? Un code de conduite, aussi bien rédigé soit-il, ne suffit pas s’il n’est pas accompagné d’une volonté ferme de sanctionner les abus et de protéger les plus vulnérables. La FHF pourrait, par exemple, publier des rapports annuels détaillant les cas traités et les mesures prises, afin de renforcer la confiance du public.

Gestion des plaintes : une conformité aux normes, mais quelle application ?

Le mécanisme de gestion des plaintes, censé être aligné sur les standards de la FIFA et de la CONCACAF, mérite un examen attentif. Si ces instances imposent des règles de conformité, leur propre histoire est entachée de controverses : corruption, mauvaise gestion et manque de transparence. La FHF n’a d’autre choix que de se conformer à ces normes, mais rien ne prouve que Monique André ait su les appliquer avec la rigueur nécessaire pour instaurer une véritable culture de responsabilité. La publication régulière des décisions prises dans ce cadre serait un premier pas vers plus de crédibilité.

Football féminin : un plan stratégique tardif

Le plan stratégique pour le football féminin est sans doute l’une des rares initiatives qui méritent d’être saluées. Pourtant, pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour qu’il voie le jour ? Le football féminin haïtien a déjà démontré son potentiel, notamment grâce aux performances de l’équipe nationale. Pourtant, il reste sous-financé et marginalisé. Si Monique André était réellement déterminée à faire progresser cette discipline, elle aurait dû en faire une priorité dès le début de son mandat. Des partenariats avec des clubs internationaux ou des sponsors dédiés auraient pu accélérer son développement.

Qualification des U17 : un succès malgré la FHF ?

La qualification des U17 pour la Coupe du Monde est une fierté nationale, mais peut-on en attribuer le mérite à la FHF ? Le talent des jeunes joueurs haïtiens est indéniable, mais il s’exprime malgré la fédération, et non grâce à elle. La gestion des ressources reste opaque, et les réformes annoncées tardent à se concrétiser. Monique André parle de professionnalisation, mais où sont les preuves tangibles de cette transformation ? Où sont les infrastructures modernes, les centres de formation performants, les partenariats stratégiques avec des clubs étrangers ? La construction d’un centre de formation national aurait été un signal fort de son engagement en faveur du développement du football haïtien.

Monique André incarne peut-être l’espoir d’un football haïtien renouvelé, mais elle en reflète aussi les limites actuelles. Ses déclarations sont pleines de bonnes intentions, mais elles manquent encore de substance et de résultats concrets. Si elle veut véritablement laisser une empreinte positive, elle doit aller au-delà des discours et démontrer une réelle volonté de transformation.

À ce jour, son leadership reste une promesse non tenue. Le football haïtien mérite mieux.

Jean Daniel PIERRE/Yedasports

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